La présidente sortante du Honduras a dénoncé mardi ce qu'elle a décrit comme un "coup d'Etat électoral" en cours dans le pays, alors que le candidat à l'élection présidentielle du 30 novembre soutenu par le président américain Donald Trump est donné en tête du scrutin après un décompte chaotique, marqué par des problèmes techniques et des accusations non-fondées de fraude.
S'exprimant au cours d'une conférence de presse, Xiomara Castro a déclaré que le processus électoral était "marqué par des menaces, de la coercition, de la manipulation du (système de transmission des votes) et une altération de la volonté du peuple".
La dirigeante socialiste a également condamné le rôle joué par Donald Trump, qui a apporté son soutien au candidat conservateur Nasry Asfura, ancien maire de la capitale Tegucigalpa.
"Ces actions constituent un coup d'Etat électoral, qui se produit en ce moment, et nous les dénoncerons", a-t-elle dit.
Il est vraisemblable que les commentaires de Xiomara Castro accentuent des tensions déjà fortes dans le pays, alors même que des responsables électoraux ont appelé au calme pendant le décompte des suffrages.
Après plus de 99% des votes pris en compte, Nasry Asfura est donné en tête avec 40,52% des suffrages contre 39,20% pour son rival centriste Salvador Nasralla, soit un écart d'environ 40.000 voix.
Mais 14,5% des feuilles de pointage contiennent des incohérences et doivent être examinées par la commission électorale nationale lors d'un décompte spécifique. Des représentants des partis politiques et des observateurs internationaux seront présents.
Donald Trump a ouvertement apporté son soutien à Nasry Asfura, 67 ans, laissant entendre qu'il pourrait mettre fin aux aides apportées par les Etats-Unis au pays d'Amérique centrale en cas de défaite du candidat conservateur.
La candidate du parti au pouvoir, Rixi Moncada, ancienne ministre de la Défense, est donnée en troisième position du scrutin avec 19,29% des suffrages.
Les résultats du scrutin seront considérés comme préliminaires tant que la commission électorale nationale n'aura pas réexaminé les feuilles de décompte suspicieuses, lesquelles sont au coeur des tensions actuelles.
Ces feuilles pourraient représenter des centaines de milliers de votes, soit un nombre suffisant pour faire basculer les résultats du scrutin, ce qui nourrit l'incertitude politique dans le pays.
La commission électorale nationale doit déclarer un vainqueur au plus tard le 30 décembre prochain.
Nasry Asfura et Salvador Nasralla ont tous les deux revendiqué la victoire, citant les décomptes effectués par leurs camps respectifs. De son côté, le parti au pouvoir a appelé à des manifestations et à annuler le processus dans son intégralité.
A Tegucigalpa et dans d'autres villes du pays, le calme a prédominé mardi, alors que le pays garde en mémoire les troubles ayant entouré l'élection présidentielle de 2017. Trente personnes avaient été tuées lors de manifestations de masse à la suite de la réélection de Juan Orlando Hernandez, considérée par beaucoup comme frauduleuse.
(Laura Garcia et Fredy Rodriguez, avec la contribution de Sarah Morland à Mexico; version française Jean Terzian)

0 commentaire
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire.
Vous êtes déjà membre ? Connectez-vous
Pas encore membre ? Devenez membre gratuitement
Signaler le commentaire
Fermer